
Aura cinétique, 2025
Installation en réalité mixte
exposée à la Manu de Châtellerault du 03.07.2025 au 21.09.2025
Commande du centre d’art contemporain de Châtellerault, dans le cadre de la célébration des 30 ans de l’œuvre Comme 2 Tours (1994) de Jean-Luc Vilmouth.
Emblématique de Châtellerault, cette œuvre sculpturale et architecturale de Jean-Luc Vilmouth permet de contempler la ville depuis les deux cheminées de briques de l’ancienne manufacture d’armes, à 18 mètres du sol. Elle propose un parcours, une expérience de dessin dans l’espace à travers une marche aux sonorités métalliques.
J’en crée un prolongement avec une œuvre en réalité mixte activée par la marche. Figurant une empreinte sensorielle, une mémoire dynamique du parcours, l’aura cinétique de Comme deux tours se détache de son référent et joue avec le visiteur, dans l’espace 208 de l’ancienne manufacture d’arme situé juste à l’arrière des cheminées.
Jean-Luc Vilmouth parle d’« aura cinétique » à propos de son Belvédère des ondes (2013), évoquant la rémanence du souffle du vent autour d’un ancien moulin, et qu’il rend visible par un geste sculptural. Une énergie semblable apparaît dans les circulations multiples qui animent aujourd’hui le site de la Manu : figures courbes des patineurs et des skateurs, trajectoires des cyclistes, courses, sauts et chutes des circassiens de l’école de cirque, etc.
Marine Antony – direction artistique
Thomas Bellet – développement
Antoine Hubineau – design sonore
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Aura cinétique
Comme une danse
Un objet n’existe pas seul au monde, les choses ne sont que parce qu’elles entrent en relation avec ce qui les entoure.
Jean-Luc Vilmouth
Majestueuse architecture de métal, la musique des pas s’y déploie comme une partition au rythme de la marche, marquant dans l’espace une empreinte sonore de cette « zone de relation » — expression chère à Jean-Luc Vilmouth — avec l’environnement. Dessiner ainsi un chemin inscrit en creux dans le paysage, telle fut mon impression première en rencontrant l’œuvre Comme deux tours.
Au-delà de leur perception visuelle, les motifs de cette sculpture se concrétisent au fil du parcours. L’escalier hélicoïdal permet de prendre de la hauteur, d’adopter de nouveaux points de vue sur la ville. Arrivé sur la passerelle, le visiteur peut évoluer librement à l’intérieur même d’un cadre fixe structuré par des lignes droites et des cercles.
Réactivant la mémoire des lieux, cette déambulation dessine, en filigrane, des constructions emblématiques du site de la Manu : la passerelle de l’œuvre se greffe aux cheminées de briques encore présentes, tandis que son escalier matérialise l’emplacement du château d’eau aujourd’hui disparu.
Dans ce cheminement apparaît peu à peu une rémanence sensorielle du mouvement, où se compose un répertoire de formes latentes, de motifs spatiaux à réactiver.
Jean-Luc Vilmouth parle d’« aura cinétique » à propos de son Belvédère des ondes (2013), évoquant la rémanence du souffle du vent autour d’un ancien moulin, et qu’il rend visible par un geste sculptural. Une énergie semblable apparaît dans les circulations multiples qui animent aujourd’hui le site de la Manu : figures courbes des patineurs et des skateurs, trajectoires des cyclistes, courses, sauts et chutes des circassiens de l’école de cirque, etc.
Dans le cadre des 30 ans de Comme deux tours, je propose un prolongement de cette œuvre emblématique avec une sculpture virtuelle activée par la marche. Composée d’un module simple répété – la marche d’escalier – elle génère un parcours évolutif en trois dimensions. Une architecture fluide, où hélices, cercles et lignes extraits de l’œuvre de Vilmouth sont réinterprétés et recomposés.
Ce tracé incarne l’aura cinétique de Comme deux tours, pensée ici comme une empreinte sensible du mouvement vécu, une mémoire corporelle du parcours. Transposée hors de soi, elle devient un personnage autonome.
Mu par chaque nouveau pas, le dessin se recompose sans cesse, semblant nous suivre à la trace tout en jouant à se dérober. Au cœur de cette tension émerge une danse du déséquilibre qui nous entraîne dans un mouvement perpétuel : il s’agit d’éprouver un rapport fondamental au monde, où se tisse un dialogue constant entre l’individu et son environnement.
À la fois imprévisible et orientée par les déplacements du visiteur, cette figure mobile dialogue avec ce dernier, mais aussi avec l’espace du bâtiment, l’œuvre originelle et le site de la Manu.
Créés par le compositeur et musicien électronique Antoine Hubineau, les sons des marches virtuelles s’accordent à la structure métallique par les hauteurs extraites de son spectre sonore. De facture synthétique, ils traduisent et recomposent sa matérialité. Pour exagérer et renforcer les sensations de distance et d’élévation — ainsi que la vitesse de déplacement du visiteur au sein de l’œuvre — l’espace les transforme : ils deviennent une mémoire altérée des sonorités de Comme deux tours et de l’environnement sonore passé.
Marine Antony

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« Créés par le compositeur et musicien électronique Antoine Hubineau, les sons des marches virtuelles s’accordent à la structure métallique par les hauteurs extraites de son spectre sonore. »
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Enregistrement du spectre sonore de l’oeuvre « Comme deux tours » de Jean-Luc Vilmouth
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